Le Souffle d'Abaddon
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Le Souffle d'Abaddon

Forum du Souffle d'Abaddon - Lineage 2
 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexionGestion des équipements
Le Deal du moment : -29%
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 ...
Voir le deal
499.99 €

 

 Le Souffle d'Abaddon

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Masamune
Capitaine (Unité R.E.)
Capitaine (Unité R.E.)



Nombre de messages : 469
Age : 37
Localisation : Nantes
Date d'inscription : 08/05/2007

Le Souffle d'Abaddon Empty
MessageSujet: Le Souffle d'Abaddon   Le Souffle d'Abaddon Icon_minitimeMer 9 Mai - 18:07

1. Le réveil

Solven s’arrêta brusquement de parler, les yeux perdus dans le vide. De longues minutes passèrent avant qu’il ne bouge. Puis lentement il tourna la tête regardant tout autour de lui. Il se trouvait dans la pièce principale de ce qui semblait être une maison de paysan. Aux murs, recouverts de chaux, étaient accrochés divers outils agricoles, sacs, pièces de tissus, instruments de cuisines… Sur la table trônaient deux lampes à huiles qui constituaient la seule source de lumière, et posé juste devant lui un bol contenant de la soupe qui était maintenant froide.
Ses pensées étaient encore floues, c’était comme s’il se réveillait d’un cauchemar long de plusieurs siècles. Après avoir regardé ses mains et serré plusieurs fois les poings, un léger sourire se dessina au coin de ses lèvres. Lorsqu’il releva la tête, son regard avait changé : ses yeux étaient plus vifs et surtout… plus froids.
Il ne s’aperçut de la présence des deux enfants et de la femme que lorsque cette dernière répéta d’une voix inquiète :
« -Solven ?... Tu vas bien ? »
Il dévisagea la femme sans répondre. Elle n’était pas vilaine mais il ne lui trouva aucun charme. Il avait encore en mémoire le souvenir lointain et irréel des corps brûlants et des baisers sulfureux des démones de l’Enfer.
Sans accorder d’avantage d’intérêt à ces personnes qui avaient été la famille de Solven, il se leva et quitta avec nonchalance la pièce. Alors qu’il franchissait le seuil de la porte, il fut arrêté par le cri suppliant de la femme :
« - Mais qu’est-ce qui t’arrive ? Où pars-tu ?
- Conquérir le monde ! » Répondit-il avec un grand sourire avant de s’enfoncer dans la nuit.

Toute la nuit il avait marché sur la route laissant son esprit prendre complètement possession du corps qui avait appartenu à Solven. Petit à petit ses souvenirs se réordonnaient et lorsqu’il arriva le matin au port de Talking Island, il était entièrement redevenu Darsh !
Son âme ressuscitée avait fini par retrouver la liberté. Il se rappelait la lâcheté des Dieux alors qu’il se préparait, après avoir écrasé les démons de l’Enfer, à jeter à terre les anges du Paradis. Prenant peur, les forces du Bien et du Mal préférèrent s’associer un bref instant pour l’envoyer à un sort pire que la mort : son esprit avait été enchaîné aux corps des créatures d’une dimension parallèle où il n’avait plus aucun pouvoir. Simple spectateur passif il avait subi plusieurs milliers de réincarnations sous de multiples formes (humain, loup, arbre, crapaud,…). Mais maintenant, il ne savait comment, le cycle était brisé. Il était de nouveau humain et bien décidé à le rester et à récupérer ses anciens pouvoirs.
Il aurait sa vengeance face aux dieux ! Que se soient ceux qui l’avaient condamné ou bien Einhassad et Gran Kain. Mais pour l’instant les dieux attendraient. Il se devait d’abord d’accorder son corps de simple mortel aux forces magiques qu’il comptait utiliser….


Dernière édition par le Jeu 10 Mai - 14:15, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Masamune
Capitaine (Unité R.E.)
Capitaine (Unité R.E.)



Nombre de messages : 469
Age : 37
Localisation : Nantes
Date d'inscription : 08/05/2007

Le Souffle d'Abaddon Empty
MessageSujet: Re: Le Souffle d'Abaddon   Le Souffle d'Abaddon Icon_minitimeMer 9 Mai - 18:08

2. Le Général - partie 1

Lorsqu’il baissa les bras et que se créa le souffle coupant du vent, la hache de l’orc avait déjà commencé à décrire sa trajectoire mortelle. Le corps de l’orc se figea un dixième de seconde avant de se séparer en plusieurs morceaux. La hache quant à elle, tenue par une main privée de bras pour la guidée, acheva sa course à quelques centimètres des pieds de Darsh. Au même instant un cri de souffrance terminé par un râle étouffé dans une gorge noyée de sang, fit savoir au sorcier que le dernier de ces hommes venait de tomber et qu’il se retrouvait maintenant seul.
Il n’eut même pas le temps de se retourner que son adversaire fut déjà sur lui. Se jetant au sol il évita de justesse la décapitation. La lame changea rapidement de direction et il ressentit une vive douleur à la cuisse droite. Retenant un cri de douleur, il commença une rapide incantation et aussitôt une sphère de feu l’enveloppa et irradia d’une énergie destructrice la zone l’entourant.
La sphère disparut mais Darsh eut la surprise de constater qu’un orc se dressait toujours devant lui l’arme prête à frapper. Ils n’étaient plus que tous les deux à être encore en vie. Darsh regarda son ennemi : il était bien plus grand que ses congénères qui l’avaient accompagné. Les restes de l’armure de cuir renforcé qu’il portait continuaient de se consumer et de profondes brûlures encore fumantes recouvraient son corps. Mais la détermination de tuer le magicien emplissait son regard.

Depuis son retour à la vie, Darsh perdit pour la première fois de son assurance face au destin. Il n’avait pu encore trouver tous les arcanes sur lesquels reposait la malédiction que les anges et les démons lui avaient jetée. Il n’était pas sûr que tous les sceaux qui l’avaient retenu enchaîné aient été levés et il craignait que si la mort le frappait maintenant, son âme soit de nouveau séquestrée dans un quelconque corps dont il n’aurait plus le contrôle.
Et tandis que l’orc brandissait son épée, sa peur se mua en rage contre les forces supérieures qui se jouaient de lui, mais aussi contre lui-même, contre son impuissance à ce moment fatidique : les incantations à Paagrio étaient bien trop longues pour qu’il puisse utiliser encore une fois le feu, et il ne pouvait faire appel au vent en étant au sol. Il aurait pu regretter de ne pas s’être intéressé à quelques sorts de la terre ou aux forces d’Eva, mais il était maintenant trop tard.

L’épée s’abattit sur lui avec une force extraordinaire : la lame l’avait traversé de part en part et s’apprêtait à recommencer, lorsque surgit soudain, de la main levée du sorcier, une puissante tornade de flammes. En un instant le calme retomba sur la plaine où gisaient à présent une trentaine de corps inertes.


Dernière édition par le Jeu 10 Mai - 14:15, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Masamune
Capitaine (Unité R.E.)
Capitaine (Unité R.E.)



Nombre de messages : 469
Age : 37
Localisation : Nantes
Date d'inscription : 08/05/2007

Le Souffle d'Abaddon Empty
MessageSujet: Re: Le Souffle d'Abaddon   Le Souffle d'Abaddon Icon_minitimeMer 9 Mai - 18:09

2. Le Général - partie 2

Quand Darsh rouvrit les yeux, le soir commençait à tomber et les premières étoiles apparaissaient dans le ciel. Mais il n’y fit pas attention, tout son être n’était que douleur. Il récita à voix basse une brève formule et la souffrance s’estompa.
Il était encore en vie ! La sphère de protection qu’il avait invoquée avant le combat était toujours là et maintenait ses fonctions vitales malgré le fait qu’il avait été coupé en deux, voir même en trois. Le coup mortel de l’orc avait complètement sectionné son corps depuis son épaule gauche jusqu’à sa hanche droite. Quant à sa jambe droite, elle n’était plus rattachée au bassin que par quelques lambeaux de chair.
Réunissant toutes les forces qui lui restaient, il lança un sort majeur de régénération. Il se sentit aussitôt vidé de son énergie et, espérant qu’un charognard ne vienne pas chercher son repas en ce lieu, plongea dans un sommeil sans rêves.

Un grognement sourd réveilla le magicien. Il faisait maintenant nuit noire. Les parties de son corps s’étaient rassemblées mais les blessures étaient toujours ouvertes et il restait encore de nombreux organes à reconstituer.
Il resta un moment à écouter attentivement le silence de la nuit avant qu’un autre grognement, ressemblant plus à un gémissement, se fasse entendre. Le son provenait de la forme sombre à côté de lui que Darsh avait identifiée plus tôt comme étant le corps carbonisé de l’orc qui avait bien failli le tuer. Ainsi donc ce dernier était aussi en vie ! Mais cela ne l’inquiétait pas : l’orc ne devait plus être en état de se battre sinon il l’aurait achevé depuis bien longtemps. De son côté Darsh avait récupéré suffisamment de force pour envoyer par quelques sorts n’importe quelle créature ad patres.

« - Maudite soit Einhassad d’avoir créé les humains ! » furent les seuls mots intelligibles qu’il put discerner des grognement de l’orc.
Entendre cette injure fit rire aux éclats l’humain. Ce n’était pas de voir les plaintes de l’orc qui le rendait euphorique, mais simplement le fait que l’insulte soit adressée au mauvais dieu. Il trouvait ironique que dans ce monde également, les dieux se moquaient de leurs créatures et que lui, qui en était étranger, connaissait sa véritable histoire pour y avoir participé à travers les milliers de réincarnations qu’il avait subi.
- C’est mourir qui te fais rire ? Lui lança l’orc.
- Parle pour toi l’orc. Demain je serai en pleine forme alors que toi tu ne seras qu’un tas de cendre !
- Maudite soit ta race pour l’éternité !
- Ne t’en fais pas pour ça l’orc, je crois qu’elle est déjà maudite, tout comme la tienne !
- Ne m’appelle pas comme ça ! Je suis Hanak ! Et il m’aurait juste suffit d’un homme de plus pour que cette terre soit définitivement débarrassée de ta présence ! Humain !
- Je reconnais que vous avez fait du beau travail. A vous cinq vous avez exterminé les deux douzaines d’hommes que j’avais réuni.
- Nous aurions pu en défaire trois fois plus si tu n’avais pas été là !
- Je vois qu’ici les orcs sont puissants.
- Nous sommes les plus puissants. Sans la magie des elfes, vous autres humains n’êtes rien !
- Peut-être, mais vous avez toujours perdu contre les humains. L’orc !
- Je t’ai dit de ne pas m’appeler comme ça !
- Ah oui ! Et sinon ?
Hanak resta muet. L’humain avait raison. Il était incapable de bouger alors que d’après la voix du magicien, ce dernier pouvait sûrement lancer aisément quelques sorts. Hanak ne souhaitait plus qu’une chose maintenant : que la mort vienne le chercher rapidement et abrège ainsi son humiliation.


Dernière édition par le Jeu 10 Mai - 14:15, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Masamune
Capitaine (Unité R.E.)
Capitaine (Unité R.E.)



Nombre de messages : 469
Age : 37
Localisation : Nantes
Date d'inscription : 08/05/2007

Le Souffle d'Abaddon Empty
MessageSujet: Re: Le Souffle d'Abaddon   Le Souffle d'Abaddon Icon_minitimeMer 9 Mai - 18:10

2. Le Général - partie 3

- Eh l’orc ! Tu dis plus rien ?
- Si tu as un peu de compassion achève moi et laisse moi mourir dignement ! Répondit Hanak.
- Hum ! Et pourquoi devrai-je prendre cette peine ? Interrogea Darsh sur un ton moqueur.
- Sache humain, que mon mérite au combat a été reconnu sur toute les terres des orcs et que notre conseille allait me nommer général à la tête d’une armée pour écraser et soumettre vos pathétiques villes de l’Ouest.
- Je ne te demande pas de comprendre, continua l’orc, mais juste de respecter la dernière volonté d’un guerrier.
- Non ! Je ne le ferai pas !
- Que Shilen te fasse endurer milles tortures…!
- Ecoute l’orc, je me fiche complètement de toi, de ta race et de ses projets ! Tout ce qui m’importe c’est de me rendre maître de ce monde ! Et ce que je vois pour l’instant c’est que tu viens de me tuer la vingtaine d’imbéciles que j’avais trouvé pour commencer. Alors tu crois peut-être que tu vas pouvoir t’en sortir aussi facilement ?
- Tu es fou, humain ! Tu te crois capable de vaincre les armées d’Aden à toi tout seul ? Tu te crois peut-être plus puissant que ceux de la Tour d’Ivoire ?
- Viendra un jour où, comme tous les royaumes de ce monde, la Tour d’Ivoire s’inclinera devant moi !

Hanak n’avait jamais entendu personne affirmer une chose aussi folle avec autant de détermination. Même lorsque les plus fougueux des siens parlaient de retrouver leur puissance passée et de réduire tous les humains à l’esclavage, il lui semblait que leurs discours finissaient plus par décrire un espoir lointain qu’un avenir inéluctable.
Tandis que chez cet humain, les phrases qu’il prononçait résonnaient comme des prédictions. On avait l’impression, en l’écoutant, que son ascension et son règne avaient été gravés depuis le commencement sur les tables du destin et que rien ne pourrait les effacer.
Hanak avait le sentiment que dans sa folie, cet homme était bien capable de conquérir tout Aden et de réussir là où tant d’autres avaient échoué en allant défier les dieux.

Trop surpris par les propos du magicien, Hanak n’avait pas réalisé immédiatement que ce dernier avait commencé à réciter une formule. Quand il s’en rendit compte, il ne se fit pas d’illusion sur le sort qui l’attendait et se préparait au pire : l’humain allait sans aucun doute lui lancer une malédiction qui augmenterait ses souffrances ou peut-être invoquerait-il des insectes mangeurs de chair comme il avait vu une fois le faire les shamans de son village.
Lorsqu’une aura blanche vint l’entourer, Hanak ferma les yeux et pria Paagrio de lui donner la force d’endurer la torture avec honneur. Mais rien ne le frappa. Au contraire il se trouva apaisé et sentit la fièvre qui le brûlait disparaître progressivement.
- Que fais-tu magicien ? Interrogea Hanak.
- Hanak ! Contrairement à ce que tu penses je ne suis pas fou. La voix du magicien était maintenant très calme, l’arrogance et la folie dont il faisait encore preuve quelques secondes avant, avaient complètement disparues.
- Ceux sont des hommes comme toi dont j’ai besoin. Tu allais devenir général chez les tiens ? Deviens général de mes futures armées et je t’offre la vie sauve.
C’était une proposition bien singulière qui lui était faite, mais pour laquelle Hanak aurait été bien stupide de refuser : choisir entre mourir dans le déshonneur ou vivre dans les combats, la question ne se posait même pas.
Hanak rit de bon cœur : c’était le genre d’Alternative que sa race aimait à poser. En fin de compte ce magicien lui plaisait bien, il était particulièrement prétentieux (même du point de vue d’un humain) mais au moins il n’y allait pas par quatre chemins.
- J’accepte ton offre. Répondit l’orc.
- Bien ! Fit le magicien, puis il récita les derniers mots de son invocation et Hanak sombra dans les ténèbres.


Dernière édition par le Jeu 10 Mai - 14:16, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Masamune
Capitaine (Unité R.E.)
Capitaine (Unité R.E.)



Nombre de messages : 469
Age : 37
Localisation : Nantes
Date d'inscription : 08/05/2007

Le Souffle d'Abaddon Empty
MessageSujet: Re: Le Souffle d'Abaddon   Le Souffle d'Abaddon Icon_minitimeMer 9 Mai - 18:11

2. Le Général - partie 4

L’orc ouvrit les yeux et poussant un grognement les referma aussitôt, ébloui par la vive lumière du jour. Il attendit quelques secondes pour les rouvrir, mais cette fois progressivement. Le magicien se tenait debout devant lui :
- Tu te réveilles enfin l’orc ! lui lança ce dernier. Hanak ne répondit pas, de toute façon ce n’était pas une question. Il regarda l’humain qui ne laissait rien paraître du combat de la veille. Le magicien ne portait aucune trace de blessure, ni une seule cicatrice. Et si ce n’était sa tunique en lambeaux personne n’aurait pu croire que moins de huit heures plutôt il gisait presque mort, coupé en deux.

Hanak lui-même se sentait parfaitement reposé et en pleine forme malgré une faim grandissante qui lui tenaillait l’estomac. Il s’assit et chercha son arme. C’est alors qu’il s’aperçut qu’un gigantesque sillon de deux mètres de large et près de un de profondeur, fendait le sol juste à côte de lui, et semblait s’étendre sur plusieurs kilomètres. Le rayon d’énergie qui avait creusé cette tranchée n’avait laissé derrière lui qu’un mélange de roche fondue et de terre vitrifiée. Le sort qu’avait utilisé le magicien était beaucoup plus puissant qu’il ne l’avait cru. Si l’orc pouvait se vanter d’être encore en vie ce n’était que parce que le sorcier avait raté sa cible. Hanak se tourna vers l’humain. On ne pouvait distinguer si son visage exprimait la surprise, la peur, le respect ou encore la joie.
- Quel est ce pouvoir ? Je n’avais encore rien vu d’aussi destructeur !
En se réveillant, Darsh avait été tout aussi surpris que l’orc de voir les effets de son sort. Sur le moment, il n’avait pas réalisé ce qu’il s’était passé. Ce n’est qu’ensuite, en se remémorant les derniers instants du combat qu’il su ce qu’il s’était produit. Devant la mort imminente, son esprit avait agit instinctivement et invoqué les puissances de son ancien monde. Par contre il ne comprenait pas qu’elles aient répondu à son appel.
Depuis qu’il avait retrouvé sa liberté, il avait essayé maintes fois d’utiliser les incantations et de faire appel aux forces de sa dimension d’origine ; mais chaque fois en vain. Et depuis son réveil, tandis que l’orc était toujours inconscient, il n’avait cessé de recommencer son invocation, mais celle-ci restait de nouveau sans réponse.
Il s’était rendu à l’évidence qu’il était bien incapable de reproduire un tel prodige. Si une situation comme la veille se représentait, il y avait fort à parier qu’il ne s’en relèverait pas. Mais il se garda bien de raconter tout ceci à son nouveau compagnon. Il se contenta simplement de donner le nom du sortilège.
- Il s’agit du Souffle d’Abaddon !
- Maintenant que j’ai vu ta puissance, je ne te prends plus pour un fou. Avec de tels pouvoirs, les portes du château d’Aden ne te résisteront pas longtemps ! S’enthousiasma l’orc en laissant échapper un grand rire sonore et conquérant.

Darsh ne répondit rien. Il préférait qu’Hanak continue à croire que cela était sa véritable puissance. L’orc ferait ainsi la meilleur des propagandes pour recruter son armée. Et puis de toute façon Hanak avait raison, Aden lui ouvrirait ses portes, ce n’était juste qu’une question de temps.

Pour l’instant une autre préoccupation retenait l’esprit de Darsh. Il avait attribué la rupture de sa malédiction à une hypothétique perturbation dans les plans élémentaires au moment de sa réincarnation, affaiblissant temporairement les sceaux qui l’emprisonnaient. Mais il se demandait maintenant, surtout quand il réfléchissait aux évènements de la veille, si ce n’était pas le fait d’une puissance extérieure.
La réussite de ce sort impliquait que soit créé un couloir entre les plans infernaux de son ancien monde et la dimension où il se trouvait. Que ce lien se soit formé juste au moment où il en avait le plus besoin était un coïncidence trop improbable pour être le simple fruit du hasard. Il soupçonnait que, pour quelque obscure raison, un dieu l’avait pris sous sa protection. Il espéra que si c’était le cas, cette divinité le laisse tranquille le plus longtemps possible. Il ne savait trop bien que les dieux n’agissent jamais gratuitement et s’ils s’occupaient des mortels, c’était le plus souvent pour régler, de manière interposée, leurs querelles stériles.
Pour l’instant, que l’un d’entre eux l’ai choisi comme intermédiaire ne le dérangeait pas (au contraire) mais il comptait bien, le moment venu, leur apprendre que Darsh ne sera jamais à leur service…

- Hé ! L’humain ! Il y a un problème ? Le questionna l’orc en lui donnant un coup de coude qui le fit vaciller.
- Pas du tout. Fit Darsh en sortant violemment de ses pensées.
- Je nous imaginais déjà à la tête de ce pays, à la place de ce gamin jouant sur son trône. Reprit l’humain.
A ces propos l’orc laissa éclater sa joie.
- Au fait, je m’appelle Darsh. Signala le magicien.
- Et bien Darsh, je suis prêt à t’accompagner à la conquête de ce pays. Que ton Souffle d’Abaddon soit notre emblème et nous conduise à la victoire ! Exulta l’orc.
Darsh sourit. Le tempérament de l’orc lui rappelait celui de l’un de ses meilleurs guerriers et aussi amis, de son ancien monde. Et c’est gardant ce sourire, qu’il prit la direction du Sud vers Gludin.
- Où allons-nous ? Questionna l’orc.
- Prendre un bon déjeuner. Répondit le sorcier. Tu n’as pas faim toi ?
Hanak acquiesça d’un grand sourire et suivit Darsh en riant....
Revenir en haut Aller en bas
Darsh
Maître
Maître
Darsh


Nombre de messages : 215
Age : 47
Localisation : Aix en Provence
Date d'inscription : 09/05/2007

Le Souffle d'Abaddon Empty
MessageSujet: Re: Le Souffle d'Abaddon   Le Souffle d'Abaddon Icon_minitimeVen 7 Déc - 16:02

Chapitre 3: Rancunes - partie 1

Perigrin avait marché toute la journée. Il avait traversé les forêts et les plaines du nord de Gludio sans s’accorder la moindre halte. Il avait pris cette habitude de voyager sans faire d’arrêt depuis qu’il avait quitté son village qui lui semblait maintenant se trouver à l’autre bout du monde et appartenir à un autre temps.
En cette fin d’après-midi, il pensait que jamais il ne pourrait rentrer chez les siens. Il se souvenait du jour où son père lui avait demandé de prouver son courage et de faire honneur à sa race en commençant un parcours initiatique à travers les contrés d’Aden. Perigrin quant à lui aurait préféré continuer sa vie paisible de mineur dans la zone ouest des terres de son peuple, où il appréciait la vue des mers gelées lorsqu’il sortait des puits sans fond qui perforaient le cœur des montagnes…
Mais Riko, son père, l’avait forcé à prendre la route malgré ses réticences, le sermonnant que pour être un nain respectable il lui fallait se faire un nom sur les terres des humains. Pourtant pour Perigrin, cela lui était bien égal d’être respectable ou non : tout ce qu’il demandait c’était seulement une vie paisible à pouvoir s’enivrer des bonnes liqueurs de Schuttgart, à jouer à quelques jeux grivois et à aller de temps en temps chasser le lynx des neiges avec quelques amis dans les plaines de Plunderous. Il ne comprenait pas l’intérêt qu’avait eu son père pour aller vendre son savoir faire d’artisan dans des villes comme Giran ou Aden, ou encore d’être allé combattre des créatures inconnues dans les sombres et déplaisantes nécropoles des humains. Si on aimait le combat, il y avait toujours moyen de le trouver en se promenant aux environs des mines de Mithril : là-bas on était toujours sûr de rencontrer quelques brigands ou orcs prêts à en découdre pour quelques pépites….

Quand il se rappelait son ancienne vie, cela finissait toujours par le mettre en colère. Il commença par maudire sa famille, ensuite toute sa race et leurs stupides coutumes puis en maugréant dans sa barbe partit dans un monologue incompréhensible dans lequel il s’apitoyait tout à la fois sur son sort, injuriait le monde entier, imaginait sa fortune prochaine, ou encore concevait de machiavéliques projets de vengeance contre tous les habitants de son village et contre tous ceux qu’il avait croisé sur sa route.

Il fut soudainement interrompu dans son incohérent soliloque par un aveuglant jet de lumière rougeoyante surgit des arbres devant lui, et accompagné moins d’une seconde après par un effroyable hurlement de douleur noyé dans des crachotements et des crépitements infernaux.
Le nain s’était figé comme une statue. Il resta immobile, dans l’attente d’un autre signe pouvant le renseigner sur l’éventuel danger qui le guettait et en s’efforçant de retrouver pleinement sa vision. Bientôt vint à ses narines, l’écoeurante odeur de chair brûlée. Il réprima un haut-le-cœur et s’apprêta à faire doucement demi-tour quand lui parvinrent les bruits proches d’une conversation. Rongé par la curiosité qui avait pris le dessus sur sa peur, Perigrin s’avança lentement vers l’origine des voix qui était également celle de cette abominable émanation. Caché derrière des fourrés, il aperçut d’abord une masse noire qu’il reconnut instantanément comme étant celle d’un corps calciné et duquel continuaient à s’échapper de petites volutes de fumées.

De l’amas de chair carbonisée, s’approchait un orc gigantesque, à la figure couverte d’effrayants tatouages et au corps vêtu d’une lourde armure étincelante. L’orc s’accroupit auprès du cadavre. Il lui arracha d’un coup sec un bras qu’il renifla un court instant avant de le jeter un peu plus loin.
– Immangeable maintenant ! Grogna l’orc en se tournant vers l’humain qui était resté en arrière.
Ce dernier ne répondit pas, il s’agenouilla et il sembla à Perigrin qu’il effectuait une sorte d’invocation.


Dernière édition par le Lun 10 Déc - 15:38, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Darsh
Maître
Maître
Darsh


Nombre de messages : 215
Age : 47
Localisation : Aix en Provence
Date d'inscription : 09/05/2007

Le Souffle d'Abaddon Empty
MessageSujet: Re: Le Souffle d'Abaddon   Le Souffle d'Abaddon Icon_minitimeLun 10 Déc - 15:37

Chapitre 3: Rancunes - partie 2

Le nain avait compris, à la tunique qu’il portait et au corps carbonisé, que l’homme appartenait à l’ordre des sorciers. Dans un affrontement contre ces deux là, Perigrin savait qu’il serait envoyé dans le monde des morts avant même de réaliser que le combat avait commencé. La plus évidente des logiques aurait dicté au nain de rebrousser chemin sans se faire remarquer et d’éviter ainsi tout risque d’ennui. Mais la voix de la logique se fait difficilement entendre lorsque gronde à côté l’appel du profit. Car l’œil expert de Perigrin avait aperçu, en un bref instant, l’éclat argenté d’un anneau sur le bras consumé que l’orc avait rejeté. Depuis, son attention n’était plus qu’entièrement fixée sur cet objet qu’il avait identifié comme étant d’origine elfique et imprégné d’une aura magique. Il savait qu’un bijou de ce type pouvait se négocier une petite fortune sur le marché de Giran.

Il ne pensait plus qu’à cela, oubliant le danger que pouvait représenter le magicien et l’orc. Aussi n’entendit-il pas ce dernier qui continuait à lancer ses reproches à l’humain.
– Il n’y a plus rien à en tirer ! Juste un tas de cendres ! Maugréa l’orc.
– Bien fait pour lui ! Répondit en ricanant le sorcier.
– Mais t’as pas un peu exagéré là ?
– Il n’avait qu’à pas venir se mettre au milieu répliqua l’humain.
– Il pensait peut-être qu’elle… voulut argumenter l’orc.
– Il n’avait rien à penser coupa l’humain d’un ton sec. Elle était avec moi… Elle est à moi ! C’est tout !
Sur ces mots il se redressa. Il tenait dans ses bras le corps fin et fragile d’une merveilleuse elfe blanche. Elle était à demi consciente, laissant reposer sa tête sur le buste du magicien. De celle-ci, une longue chevelure d’or tombait en cascade jusqu’au sol. La robe diaphane qu’elle portait laissait deviner les courbes graciles de sa silhouette.

Le sorcier murmura quelques mots à l’oreille de la frêle beauté. Il faisait maintenant montre d’une douceur et d’un calme qui contrastaient avec le sadisme et la colère qui se lisaient sur son visage quelques secondes auparavant. Elle lui répondit par un sourire, puis se blottit dans ses bras, recherchant sa chaleur.
Alors que l’humain s’apprêtait à s’éloigner avec sa conquête vers un coin plus intime, l’orc osa une dernière question :
– Quand t’en auras fini avec elle… je pourrais en avoir un bout ?
– Si tu la touches je te tue ! La réponse claqua comme un fouet à la figure de l’orc.
Bien que cette fille n’était rien pour le magicien, l’orc savait qu’il ne plaisantait pas et c’est avec bien moins de dépit que de sollicitude qu’il l’avertit.
– Méfie-toi Darsh ! Un jour les femmes te perdront…
Devant la réelle inquiétude de son ami, l’humain lui sourit et c’est d’un ton léger qu’il répondit :
– Peut-être… Mais en attendant, ça serait dommage de ne pas en profiter.
Puis d’ajouter :
– Si tu as si faim que ça, tu n’as qu’à te rassasier du nain qui se cache là-bas…

Les derniers mots de l’humain résonnèrent dans la tête de Perigrin comme une alarme qui le fit violemment sortir de sa contemplation du bijou. Il réalisa soudain que la situation dans laquelle il se trouvait risquait de le conduire à devenir bientôt une simple pitance pour orc. Il ne savait quoi faire : essayer de s’enfuir n’aurait servi à rien, l’orc l’aurait rattrapé en quelques enjambées, quant à combattre…cela revenait à accepter d’aller à l’abattoir.
Perigrin se contenta donc de rester caché sans bouger, priant pour que la fringale de l’orc ne soit pas si importante qu’il semblait le laisser entendre.

– J’aime pas le nain bougonna l’orc. C’est trop dur ! Je leur préfère un bon windsus grillé.
Mais je n’aime pas non plus les petits fouineurs ! Rajouta-t-il en haussant la voix et en se tournant en direction de la cachette du nain.

Il s’avança de quelques pas, puis gronda, à l’intention de Perigrin, l’injonction de sortir de sa planque. Ce dernier hésita un moment, mais quand le guerrier vert lui somma une seconde fois, sur un ton encore plus menaçant, de se montrer, c’est presque mécaniquement qu’il obéit à l’ordre donné, avec à l’esprit l’image du corps calciné gisant à côté de l’orc.

L’orc et le nain se retrouvèrent face à face, à se dévisager. Darsh sourit devant l’aspect cocasse de la scène ; son ami faisait bien trois fois la taille de Perigrin. Ce dernier avait commencé par lever désespérément la tête afin de scruter l’orc, se mettant inconsciemment sur la pointe des pieds. Puis quand le géant eu baissé son regard foudroyant sur lui, le nain rentra la tête dans les épaules et se fit encore plus petit qu’il ne l’était. Darsh laissa échapper un petit rire et pressentant que la situation pouvait offrir un bon moment de gausserie au détriment du nouveau venu, décida d’y participer.
Il déposa alors délicatement l’elfe sur le sol, choisissant un endroit où l’herbe et les feuilles formant un tapis plus épais, offraient un confort rudimentaire en ce lieu sauvage. Il murmura quelques mots avant de baiser tendrement le front de la jeune fille. Puis il se tourna vers les deux bougres.
Revenir en haut Aller en bas
Darsh
Maître
Maître
Darsh


Nombre de messages : 215
Age : 47
Localisation : Aix en Provence
Date d'inscription : 09/05/2007

Le Souffle d'Abaddon Empty
MessageSujet: Re: Le Souffle d'Abaddon   Le Souffle d'Abaddon Icon_minitimeMer 12 Déc - 10:59

Chapitre 3: Rancunes - partie 3

Comme il se rapprochait d’eux, l’orc commença à interroger le nain :
– Que veux-tu ? Pourquoi nous espionnes-tu ?
Perigrin resta muet.
– Tu vas répondre le nabot ? s’énerva l’orc. Ou je te découpe en rondelles ?
– Ce qu’il veut c’est l’anneau, intervint Darsh.
A cette réponse, le nain tressaillit tandis que l’orc tourna un regard interrogateur vers l’humain.
– L’anneau ? Quel anneau ? questionna-t-il perplexe.
– Celui que tu as jeté, fit Darsh en se dirigeant vers l’endroit où son ami avait envoyé le bras de leur victime.
– Celui que j’ai… L’orc ne finit pas sa phrase. Lorsqu’il le vit ramasser le membre calciné, il commença à deviner ce que le sorcier avait voulu dire.
Darsh retira le bague du doigt qui tombait en cendre puis revint vers eux.
– C’est pour récupérer cette bague que le nain se cachait derrière les buissons. N’est-ce pas ? fit Darsh en se tournant vers Perigrin.
Sur le visage de ce dernier se lisait à la fois la peur et la colère. Il ne disait rien mais ses yeux exprimaient clairement la volonté de tuer le magicien s’il en avait été capable, et de récupérer l’objet. Captant ce regard, Darsh laissa apparaître un sourire sarcastique.
– Regarde Hanak ! Je crois que nous avons péché un petit teigneux ! Lança-t-il à l’orc. Prends garde que dans un excès il ne te blesse… continua d’ironiser Darsh.
– Avec ce cure-dent ? Risque pas ! Répondit l’orc en désignant de la tête la massue passée à la ceinture du nain.
Puis mettant au clair sa lame qui était déjà plus grande que Perigrin, il fendit son visage d’un grand sourire féroce.

L’humain sourit aussi, puis commença à jouer avec le bijou. Perigrin observa plein d’envie l’objet avec lequel jonglaient les doigts du magicien. Petit à petit, son champ de vision se réduisit pour bientôt ne plus compter que l’anneau qui ne cessait de bouger dans les mains de Darsh. Le monde entier arrêta d’exister pour Perigrin, même les mains tenant l’objet de sa convoitise finirent par disparaître. Son esprit ne percevait plus que l’éclat argenté du bijou et le murmure du magicien qui répétait inlassablement « Tu le veux… Tu le veux… »
Puis soudainement l’anneau se figea et le murmure se transforma en question qui résonna forte et claire aux oreilles du nain :
– Tu le veux ?
– Oui ! Oui ! se mit à crier Perigrin de manière incontrôlable.
– Alors va chercher ! Et joignant la parole au geste, Darsh lança le bijou comme on lance un morceau de bois à un chien.
Le nain se précipita pour l’attraper et plongea comme un fou au milieu des ronces dans lesquelles la bague était tombée. Il chercha frénétiquement, se griffant et s’entaillant les mains et le visage sur les longues épines acérées, jusqu’à ce que ses doigts finissent par se refermer sur le bijou. Ce ne fut qu’à ce moment que son esprit s’éclaircit, qu’il se rendit compte du comportement qu’il venait d’avoir et qu’il entendit les rires moqueurs derrière lui. L’orc était quasiment plié en deux, quant à l’humain, chacun de ses ricanements transperçait Perigrin d’aiguillons bien plus douloureux que les épines des ronces. Et comble de sa honte, il constata que même l’elfe riait de lui.

– Il l’a bien mérité sa bague ! Il nous a bien fait rire. Lança Darsh dans sa moquerie.
Puis redevenant sérieux et sur un ton autoritaire il ajouta :
– Hanak ! Débarrasse nous de cet avorton. Je ne veux plus être importuné à partir de maintenant.
Et sans attendre la réponse de l’orc, il revint auprès de l’elfe, un sourire angélique se dessinant sur ses lèvres. Sans un mot, il embrassa la jeune fille puis la pris dans ses bras et s’éloigna lentement, l’emmenant vers un coin plus tranquille, oubliant complètement derrière lui la farce qu’il venait de jouer au nain.

Hanak et Perigrin se retrouvèrent seuls. Ce dernier se trouvait à genoux au milieu des buissons épineux, recouvert d’écorchures, la barbe emmêlée de feuilles mortes et les yeux hagards. Devant son état lamentable et à son attitude déplorable, l’orc ne put réprimer une grimace de dégoût avec peut-être un brin de pitié.
– Sois un bon toutou jusqu’au bout, et fous le camp ! Lui commanda Hanak, ne voyant pas la nécessité de tuer ce misérable.
Perigrin resta immobile, perdu dans sa déchéance.
– Je t’ai dit de foutre le camp, le nabot ! S’énerva l’orc en levant son épée.

La menace de l’arme prête à s’abattre sur lui fit sortir Perigrin de sa torpeur et il s’exécuta aussitôt. Il partit en courrant aussi vite que ses jambes le lui permettaient, loin de l’orc et de son compère, sans se rendre compte qu’il serrait toujours dans sa main la bague cause de son tourment.
Dans sa course, il jurait, pleurant de honte et de rage, qu’il se vengerait de ce maudit sorcier de Darsh…

***
Revenir en haut Aller en bas
Darsh
Maître
Maître
Darsh


Nombre de messages : 215
Age : 47
Localisation : Aix en Provence
Date d'inscription : 09/05/2007

Le Souffle d'Abaddon Empty
MessageSujet: Re: Le Souffle d'Abaddon   Le Souffle d'Abaddon Icon_minitimeJeu 13 Déc - 12:49

Chapitre 3: Rancunes - partie 4

Epuisés, ils sortirent enfin du souterrain et remplirent leurs poumons d’air frais. Leurs yeux furent éblouis par la lumière pourtant déclinante de cette fin d’après-midi. Mais ils ne s’en plaignaient pas. Ils étaient bien contents de retrouver les doux rayons du soleil.
Darsh et Hanak venaient de passer presque trente heures, enfermés dans la Nécropole du Sacrifice. Ils ne le regrettaient pas car leur expédition avait été bonne ; ils remontaient des sous-sols hantés, chargés d’or et d’artefacts divers. Ce qui leur permettait d’envisager avec un peu plus de sérieux à agrandir leur groupe.
La seule chose qui contrariait Darsh, c’est qu’ils avaient dû effectuer cette chasse en compagnie de partisans du roi. Mais ce n’était pas le fait d’avoir nécessité de leur renfort qui le gênait, au contraire tant qu’il pourrait exploiter ses futurs ennemis pour qu’ils lui fournissent de l’aide à leur insu, il le ferait. Il savait que viendrait bien assez tôt l’heure où les armées du roi le pourchasseraient, dès lors qu’il exprimerait publiquement ses projets.
Ce qui l’avait vraiment importuné, c’était d’avoir été obligé d’endurer pendant toute leur descente sous terre, les discours sans fins vantant les mérites d’Amadeo, le couvrant d’éloges pour toutes les stupides décisions qu’il avait prises. Plusieurs fois il avait retenu son bras, contenant son envie de leur exprimer sa considération particulière envers le roi par quelques boules de feu.

Quand il y repensait, c’était une attitude qu’il n’aurait jamais eue auparavant. Il ne leur aurait pas permis de finir leur première phrase. Il les aurait attaqué sans se soucier de savoir ce qu’il adviendrait par la suite, sans se soucier du sort de son compagnon d’armes, sans se soucier de l’avenir, de la vie ou de la mort…
Il se dégoûtait de lui-même. Depuis sa résurrection il était devenu faible. Il ne se reconnaissait plus. A croire que l’esprit du corps dans lequel il s’était réincarné était toujours là et qu’il influençait ses actes et décisions. Combien de fois s’était-il surpris à perdre son temps à échanger de futiles civilités avec des personnes qu’il n’aimait pas ou qu’il ne connaissait pas et ne désirait pas connaître davantage ? Ou à refuser des affrontements gagnés d’avance ? Ou encore à aider des personnes en difficulté ?... Il ne les comptait plus. Il maudissait son comportement actuel.
Et pire que tout, quand il tuait et torturait ses ennemis, il n’arrivait plus à éprouver autant de joie ni de satisfaction que jadis. Darsh espérait que son état ne soit que passager et qu’il finirait par retrouver le plaisir des massacres et le goût du pouvoir.

– Que diriez-vous de venir vous dépoussiérer le gosier avec nous ? Questionna l’un des guerriers.
– Pardon ? Fit Darsh arraché brusquement à ses pensées.
– Nous connaissons une très bonne taverne sur Giran où nous avons nos habitudes. Voulez-vous nous accompagner ? Nous conclurions ainsi comme il se doit cette longue chasse tous ensembles. Expliqua le combattant.
– Nous vous remercions, cela aurait été avec grand plaisir, mentit Darsh. Mais nous avons quelques affaires à régler dans cette région.
– Dans ce cas nous n’insisterons pas répondit le second guerrier. Mais quand nous trinquerons à cette journée et à la santé du Roi, nous boirons également pour vous ! continua-t-il en souriant.
– Nous comptons sur vous ! répondit Darsh sur le même ton léger que son interlocuteur alors qu’Hanak se contenta d’un grognement.

Les guerriers déroulèrent chacun un parchemin de téléportation qu’il récitèrent à haute voix. A la fin de leur incantation, une aura bleue vint les entourer, s’intensifiant jusqu’à devenir opaque puis disparut soudainement, laissant Hanak et Darsh seuls.

– Pourquoi m’as-tu empêché de les tuer ? tempêta Hanak, une fois les humains partis.
– Je ne voulais pas courir de risques répondit Darsh après un temps d’hésitation. A deux nous aurions difficilement survécu au milieu de cette nécropole.
– Nous n’étions plus très loin de la sortie… répliqua sèchement l’orc en haussant les épaules.
Darsh regarda la mer au loin et ne dit plus rien. En fait, il ignorait lui-même pourquoi il avait dévié la lame de son ami qui excédé de la compagnie de ces royalistes, avait laissé intentionnellement son épée venant de trancher un spectre, continuer sa course vers le cou de l’un d’eux.
Peut-être que la lâcheté de ce monde déteignait sur lui. Depuis son arrivée sur le continent il avait entendu de nombreuses protestations de toutes les races contre le pouvoir en place. Mais personne ne semblait vouloir agir. Hanak et lui traînaient dans les villages où des émeutes s’étaient produites suite au passage du percepteur du roi, mais à chaque fois ils ne trouvaient qu’un village paisible sans aucune personne désireuse de prendre les armes. Ce monde était en paix depuis trop longtemps et tant que quelques conflits n’éclateraient pas sur ces terres, il lui serait impossible de constituer une véritable armée et de commencer sa conquête du pouvoir.
Cette attente lui retirait progressivement son impétuosité et inconsciemment la langueur rémanente de ces contrées finissait par le gagner.

Les yeux toujours perdus sur l’horizon marin, Darsh poussa un profond soupir :
– Rentrons sur Dion, laissa-t-il échappé à l’intention d’Hanak.

***
Revenir en haut Aller en bas
Darsh
Maître
Maître
Darsh


Nombre de messages : 215
Age : 47
Localisation : Aix en Provence
Date d'inscription : 09/05/2007

Le Souffle d'Abaddon Empty
MessageSujet: Re: Le Souffle d'Abaddon   Le Souffle d'Abaddon Icon_minitimeLun 17 Déc - 14:43

Chapitre 3: Rancunes - partie 5

C’est accompagné de la lumière orangée des derniers rayons du jour que Darsh et Hanak franchirent les portes de Dion. Ils furent vite engloutis dans une masse cosmopolite de combattants, commerçants et autres badauds qui animaient d’un gai brouhaha les rues de la ville. Darsh suivait sans mot dire son compagnon qui se frayait sans peine à coups de coude et d’épaule un passage dans cette cohue.
A l’intersection d’une rue, Hanak s’arrêta si soudainement que l’humain surpris se cogna contre lui. Sans s’en rendre compte l’orc expliqua :
– Je dois passer à ma guilde. Je te retrouve sur la place principale Darsh ?
Le magicien lui répondit par un signe de tête et regarda Hanak s’engouffrer dans la rue sombre et étroite, avant de repartir de son côté vers le centre de la ville, en se laissant emporter dans le courant de la foule.

Il n’avait fait qu’une centaine de pas qu’il commença à se sentir observer. Après quelques mètres supplémentaires son impression ne laissa plus de place au doute : le bruit de bottes derrière lui indiquait que quelqu’un le suivait à petits pas. Il se retourna brusquement et fit face au vide. Perplexe, il resta un moment à regarder autour de lui. Ne voyant personne semblant lui porter attention, il s’apprêta à reprendre son chemin lorsque, baissant la tête, son regard tomba sur celui miroitant d’une jeune naine portant fièrement une lourde armure à peine moins brillante que ses grands yeux verts. Les deux mains tenant une hache aussi grande qu’elle, elle levait un vers le magicien un visage qui se voulait menaçant.
– Vous êtes Darsh ? Demanda-t-elle d’un ton plus proche de l’affirmation qu’interrogatif.
– Oui. Répondit simplement ce dernier avant d’ajouter : Vous avez quelque chose à me dire ?
– J’aimerai bien vous tuer, fit-elle d’une voix devenue un peu plus timide.
Etonné, Darsh ne répondit d’abord rien, laissant la naine continuer de le dévisager.
– Pourquoi ? La questionna-t-il enfin, sa surprise passée.
– Pour avoir la récompense bien sûr ! Lui lança-t-elle comme s’il s’agissait d’une évidence.
Elle inclina deux trois fois la tête d’un côté à l’autre avant de faire la moue et de baisser son regard.
– Mais je crois que je suis pas assez forte pour ça finit-elle par laisser tomber d’une voix naïve.
Relevant la tête, elle tira la langue en direction de Darsh, le traitant de méchant comme l’étaient toutes les grandes gens, puis s’enfuit en courrant.
Interloqué, Darsh la regarda disparaître dans la foule.

– Les nains sont une race bien étrange… fit une voix inconnue derrière lui.
Se retournant, Darsh se retrouva nez à nez avec un elfe noir.
Le toisant d’un air hautain, ce dernier arborait un léger sourire moqueur. De la tunique bleue qu’il portait avec prestance, les plis avaient été volontairement dégagés au niveau de la taille afin de faire apparaître la garde d’une longue et fine épée de style elfique, passée dans un baudrier d’étoffe rehaussé d’argent
Les yeux foudroyants, il ajouta toujours sur un même ton neutre :
– …et les humains sont bien faibles…
L’attitude de l’elfe ne laissait aucun doute sur ses intentions. Percevant l’intensité de l’aura maléfique qui émanait de lui, Darsh jugea que les connaissances du sombre dans les arts obscurs devaient dépasser les siennes. S’il ne pouvait l’éviter, il comprit que l’affrontement ne le laisserait pas indemne et qu’il risquait de finir en même temps que sa vie se terminerait. Pourtant cela n’empêcha pas Darsh de répondre, tout aussi froidement que son interlocuteur :
– Et seuls les imbéciles se permettent de juger sur ce qu’ils ignorent. Puis d’ajouter, je suppose que lors de votre mort, vous attribuerez votre défaite à l’intelligence qui vous fait défaut.
L’elfe noir conserva sa fausse courtoisie, bien que le sourire qu’il affichait se fit un peu moins prononcé.
– Je crois qu’il serait préférable de vous interrogez, plutôt que de ma mort, de la votre qui est maintenant imminente. Si vous voulez bien me suivre que nous puissions en discuter sans être importunés…, reprit le sombre en désignant d’un geste de la main, la porte de la ville.
– Je n’ai pas l’habitude de converser de choses aussi personnelles avec des crétins de votre genre, répliqua Darsh sans bouger.
Cette fois le sourire de l’elfe disparut complètement. Après avoir jeté un rapide regard pour vérifier l’absence de gardes autour de lui, il tira sa lame.
– Avorton d’humain ! Siffla-t-il méprisant à la figure de Darsh. Je vais te tuer et renvoyer ton corps dans la fange d’où il n’aurait jamais dû sortir.
Et de la même manière je tuerai ensuite ton ignoble compagnon : cet orc stupide et…
L’elfe noir s’interrompit brusquement lorsque le fil aiguisé d’une lourde épée vint caresser sa gorge.
Revenir en haut Aller en bas
Darsh
Maître
Maître
Darsh


Nombre de messages : 215
Age : 47
Localisation : Aix en Provence
Date d'inscription : 09/05/2007

Le Souffle d'Abaddon Empty
MessageSujet: Re: Le Souffle d'Abaddon   Le Souffle d'Abaddon Icon_minitimeMer 19 Déc - 16:55

Chapitre 3: Rancunes - partie 6

– Ignoble, stupide, … et ? Demanda d’une voix grave celui qui tenait la garde de l’arme.
L’elfe garda le silence. Face au soudain mutisme du sombre, la pression de la lame s’accentua, accompagnée par un grognement qui sonnait tel un avertissement sur la réponse (ou l’absence de réponse) qu’il allait fournir.
– Je ne sais pas, répondit l’elfe noir hésitant. Ce n’est juste que des mots qui se sont échappés. Je ne réfléchissais pas à ce que je disais…
– Rien d’étonnant de la part d’un crétin, rétorqua Hanak faisant un clin d’œil complice à Darsh.
L’elfe noir acquiesça d’un sourire forcé, et lentement rengaina son épée puis écarta les bras en signe d’excuse. Profitant de cet instant, Darsh lui noua de deux tours prompts, la bande de tissu de son baudrier autour de la poignée de son arme, lui retirant toute possibilité de la dégager rapidement.
– Maintenant que vous semblez avoir retrouvé un peu de raison, vous allez pouvoir enfin nous expliquer pourquoi vous tenez tant à nous tuer, suggéra ironiquement Darsh.
– Oh ! Vous savez, je n’ai jamais vraiment eu cette intention, déclara le sombre. C’est plutôt un fâcheux concours de circonstances qui m’a amené à …
L’elfe noir coupa son exposé par un gémissement de douleur lorsque Hanak, agacé par son verbiage fallacieux, rangea son arme et lui tordit violemment le bras derrière le dos.
– Réponds à la question ! aboya Hanak. Pourquoi tu veux nous tuer ?
– … La récompense… répondit immédiatement le sombre.
– Quelle récompense ? demanda Darsh.
Hanak relâcha légèrement son étreinte sur le bras de l’elfe permettant à ce dernier, devenu étonnamment plus coopératif, de s’expliquer :
– Vos têtes ont été mises à prix. Quelqu’un a cloué une pancarte sur le grand arbre de la place annonçant qu’il offrait une récompense à qui vous tuera.
– Je suis curieux de savoir quelle est la personne qui cherche par cette méthode, à avoir nos têtes, émit Darsh pour lui-même, avant d’ajouter : Allons voir cette annonce, et si tu nous a menti le sombre, c’est toi que je clouerai sur l’arbre.

Ils rejoignirent le centre animé de Dion. Hanak tordant toujours le bras de l’elfe noir, le poussait sans ménagement devant lui en direction du grand arbre bordant la place principale. Quelques nains marchands avaient installé leurs échoppes sous les branches bénéficiant dans la journée de la fraîcheur offerte par l’ombre de feuilles, et le soir venu ils profitaient de l’attrait que suscitait le Barde Swan pour vendre leur marchandise à la foule venue l’écouter.
Swan était réputé dans la région pour ces histoires sur les héros d’autrefois, et nombreux étaient les jeunes guerriers et mages qui aimaient à se reposer au son de son instrument de musique rêvant qu’un jour ce serait leurs exploits qui seraient ainsi contés.
Ce soir là, les auditeurs étaient nombreux autour du barde, et Darsh dut user de sa petite taille pour se faufiler jusqu’à l’arbre. Plusieurs pancartes étaient clouées sur le large tronc, mais Darsh fini par trouver celle qui l’intéressait. Il lu rapidement l’annonce qui y avait été inscrite puis retourna auprès de Hanak.
– Il a dit vrai, reporta-t-il à son compagnon. Il est inscrit qu’un certain Perigrin offre quatre milles Adénas pour qui lui ramènera la tête de Darsh ou celle de l’orc avec qui il voyage ; et dix milles si on lui rapporte les deux.
– On va les lui apporter nous même à ce Perigrin. Ca évitera aux autres de se donner la peine de le faire, et à nous ça nous permettra d’avoir de quoi passer une bonne soirée. Répliqua Hanak en éclatant d’un grand rire tapageur qui lui valu plusieurs regards méprisants de la part des auditeurs de Swan.
– Sais-tu à quoi ressemble ce Perigrin ? Questionna Darsh en s’adressant au sombre.
– J’ignore moi-même tout de lui, commença l’elfe. Et si vous désir…
La torsion qu’effectua Hanak sur le poignet du sombre lui fit efficacement comprendre qu’une fois de plus il n’était pas en sa faveur de ne pas tout dire immédiatement. Il leur expliqua alors brièvement qu’il n’avait encore jamais vu le dénommé Perigrin mais qu’il savait que ce dernier appartenait au peuple nain et qu’il faisait souvent commerce chez l’épicer droguiste de la ville.
Après quoi, sur un signe de tête de Darsh, Hanak relâcha son prisonnier. Tout deux regardèrent l’elfe noir quitter les lieux, puis se dirigèrent vers l’épicerie, le sourire aux lèvres.

***
Revenir en haut Aller en bas
Darsh
Maître
Maître
Darsh


Nombre de messages : 215
Age : 47
Localisation : Aix en Provence
Date d'inscription : 09/05/2007

Le Souffle d'Abaddon Empty
MessageSujet: Re: Le Souffle d'Abaddon   Le Souffle d'Abaddon Icon_minitimeVen 21 Déc - 15:25

Chapitre 3: Rancunes - partie 7

Darsh pénétra dans la boutique. Il s’avança jusqu’au centre de la pièce et prit un moment pour regarder autour de lui.
Au comptoir, la patronne présentait sa collection de potions essayant de convaincre un elfe pâle de leurs stupéfiantes propriétés. Ce dernier semblait sur le point de s’en aller n’ayant rien trouvé d’intéressant dans les produits proposés. A côté, une vendeuse levait au plafond des yeux exaspérés suite à l’interminable marchandage de deux nains un peu éméchés qui à force de vouloir négocier les prix semblaient avoir oublié la raison précise de leur venue ici. Dans un coin, à l’opposé de la pièce, un forgeron avait exposé ces certificats d’aptitude dans la réalisation de plusieurs armes et armures, et rangeait méticuleusement ses outils. Près de la porte une jeune fille repoussait désespérément les avances d’un guerrier elfe noir très entreprenant.

- Je cherche le nain Perigrin, se mit à crier Darsh au milieu de la salle. Je viens pour la récompense.
L’annonce soudaine du magicien suspendit les conversations. Mais le silence ne dura même pas le temps d’une seconde que déjà les deux nains au comptoir étaient repartis dans leur marchandage. Quand le guerrier voulu reprendre lui aussi là où il en était, il eu la désagréable surprise de constater que sa proie avait profité de l’interruption pour s’enfuir. Il massacra Darsh du regard. Mais ce dernier ne le remarqua pas, son attention était fixée sur le forgeron qui avait redressé vivement la tête à l’appel de son nom et dont la figure se décomposait petit à petit comme il reconnaissait le magicien se tenant au milieu du magasin.
Un fin sourire aux lèvres, Darh fit un pas pour se rapprocher du nain. Celui-ci se leva brusquement, faisant tomber ses outils, et se précipita terrorisé vers la porte de la boutique. Au moment où il en franchissait le seuil, il percuta la grande masse verte qui s’y tenait en attendant sa sortie. Sous le choc, Perigrin se retrouva à terre, étalé aux pieds d’Hanak qui était maintenant rentré dans la salle.
- Mais c’est notre toutou de la dernière fois ! s’exclama l’orc en reconnaissant le nain. Alors c’est toi le quart de portion qui veut nos têtes ? continua Hanak en mugissant. Hé bien les voilà ! Et avec le reste en prime !
Tout en ayant dit cela, le géant avait sorti sa lourde épée et menaça Perigrin toujours au sol. Pensant sa dernière heure venue, le nain se mit à implorer l’orc d’épargner sa vie, proposant en échange de leur forger armes et armures à Darsh et à lui. Il ne reçu pour toute réponse qu’un grognement désapprobateur de Hanak qui lança ensuite un regard interrogateur au magicien sur ce qu’il devait faire du nabot qui rampait à ses pieds.
- Avoir un maître artisan à notre disposition nous serait fort utile, souligna Darsh.
- Tu ferais confiance à cette espèce de cafard ? demanda Hanak perplexe.
Darsh ne répondit pas tout de suite. Il s’était penché pour examiner la liste qu’avait affichée Perigrin et qui ventait les différentes armes qu’il était capable de fabriquer.
Après avoir parcouru la longue énumération des articles proposés, il se redressa avec un air approbateur puis, se dirigeant vers le comptoir, il répondit à son ami sur un ton ironique :
- Ne t’inquiète donc pas. Je connais un petit tour très intéressant qui nous permettra d’avoir toute sa fidélité.
Et de ponctuer son affirmation d’un petit rire inquiétant.

En entendant ces mots, le visage de Perigrin pâlit et il se forma au fond de sa gorge une boule qui le força à déglutir bruyamment. Puis tel un coup de fouet, la peur le fit se relever soudainement et courir entre les jambes de l’orc pour gagner la sortie.
Mais le bras puissant d’Hanak le plaqua aussitôt sur le plancher et l’y maintint, tel un insecte épinglé sur un tableau.
- Toi, tu restes là ! vociféra Hanak. On n’en a pas encore terminé avec toi.
Le nain resta un moment étourdi par le coup qu’il venait de recevoir, puis commença à se débattre vainement quand jetant un regard derrière lui, il vit Darsh s’approcher un rire sadique en travers du visage et une aile de chauve-souris dans la main.
- Que comptes-tu faire avec ça ? questionna l’orc, de plus en plus curieux sur le sort que le magicien réservait au nain.
- Faire appel à une ancienne malédiction, répondit l’humain.
La victime est obligée de respecter et de servir fidèlement celui qui lui a jeté cette malédiction, expliqua Darsh d’une voix forte à l’intention du nain gesticulant sous la pression de l’écrasante main de l’orc ; sinon l’intérieur de son corps endure mille tortures avant de se transformer pour l’éternité en un stupide crapaud…

Tenant appliquée sur le dos du nain l’aile du chéiroptère, le magicien commença à réciter sa terrifiante invocation. Lorsque celle-ci fut terminée, l’aile disparut dans un nuage de fumée rouge, et Périgrin, résigné à endurer sa soumission envers l’humain et l’orc, abandonna tout désir de fuite et commença à se lamenter sur son sort.
- Voici une façon bien étrange, mais efficace, pour dresser les petits chiens hargneux, conclut Hanak en éclatant de rire.
Lorsque l’orc finit de s’esclaffer de sa gausserie, le calme revint dans la boutique. Personne n’avait réagi à la scène qui venait de se jouer. On aurait pu croire que rien ne s’était passé, si Perigrin n’était pas resté agenouillé, gémissant devant la porte, en train de se plaindre.
- Tu as des achats à effectuer ? demanda Darsh à Hanak d’un ton des plus naturels.
- Heu… Non… fit l’orc désorienté par la question soudaine.
- Alors pas besoin de s’attarder davantage ici, décida le magicien. Nous n’étions pas à la recherche d’un endroit où épancher notre soif ?

L’incident avec le nain était définitivement clos. Le colosse vert l’avait compris et il sourit, bien qu’il aurait préféré utiliser son épée sur le cou de Perigrin pour régler cette histoire. Mais il reconnaissait aussi qu’avoir un artisan forgeron à leurs côtés était un atout précieux : seuls les fous partaient au combat sans arme.
Quoi qu’il en soit, il était maintenant plus que temps de passer aux choses sérieuses ; la taverne les avait déjà que trop attendu. Sans ajouter de commentaire à la remarque de l’humain, Hanak tourna les talons et quitta le magasin.
Darsh lui emboîta le pas. Quand il franchit à son tour le seuil de l’échoppe, il se retourna vers le nain qui à présent entamait une complainte accusant ses parents d’être la cause de son nouveau malheur pour l’avoir obligé à quitter son village.
- Quand ça ira mieux Perigrin, l’interpella le magicien sur un ton amical et chaleureux, pense à retirer la pancarte que tu as clouée sur l’arbre.

Puis Darsh rejoignit l’orc qui l’attendait au milieu de la rue. Après avoir fait quelques mètres, ce dernier l’interrogea :
- Je ne savais pas qu’il existait de tels sorts. C’est…effrayant… Il va vraiment se changer en crapaud si il te désobéit ?
- Je n’en ai aucune idée, avoua l’humain. Je ne sais même pas si cette malédiction a un sens dans ce monde.
- Quoi ? s’exclama Hanak abasourdi. Mais alors… ! le nain, il…
- Il ne le sait pas non plus, termina Darsh en riant.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Le Souffle d'Abaddon Empty
MessageSujet: Re: Le Souffle d'Abaddon   Le Souffle d'Abaddon Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Le Souffle d'Abaddon
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le Souffle d'Abaddon :: Place publique :: Le Feu de Camp (RP)-
Sauter vers: