Le Souffle d'Abaddon
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 Mon amour... ma mort

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Darsh
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Darsh


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Date d'inscription : 09/05/2007

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MessageSujet: Mon amour... ma mort   Mon amour... ma mort Icon_minitimeVen 6 Juin - 1:53

Traversant l’étroite fenêtre de la bibliothèque, les premiers rayons de l'aube viennent darder leur pâle lumière sur les pages usées et jaunies du livre que je viens de terminer. Refermant l’ouvrage je le pose sur le scriban patiné par le temps, puis je bascule en arrière de ma chaise afin de m’étirer. Machinalement je regarde autour de moi. Comme à son habitude la pièce silencieuse est vide. Seuls témoins de la nuit qui vient de s’achever, de nouvelles coulées de cire sur les chandeliers, formant d’interminables et étranges sculptures.
Je souffle sur la dernière mèche brûlant encore, puis je sors de la pièce. Déjà, le contenu et le titre du recueil que je laisse, appartiennent au passé ; je ne me souviens seulement qu’il était question d’une famille maudite d’elfes sombres.

Sans but, je marche jusqu’à la ville de Dion, et je déambule dans ses rues désertes. L’esprit vide, je dois sûrement faire plusieurs fois le tour des bâtiments inanimés car quand je regarde de nouveau le ciel en entre les toits, je m’aperçois que le soleil n’est pas loin de son zénith. Je décide alors de retourner au château de plus en plus inquiet de l’absence complète de tout être vivant et par le silence presque palpable.

Prenant la route menant à notre forteresse, mes pas me conduisent néanmoins dans le direction inverse, au nord de la ville, et je me retrouve bientôt à gravir une colline qui ne m’est que trop familière.
A chaque foulée je m’attends à la voir apparaître au sommet, se tenant, comme la première fois, entre la terre et le ciel telle l’incarnation irréelle de la beauté, enveloppée dans une parure éthérée de lumière renvoyée par la brume mystérieuse. Il me semble également sentir son doux et envoûtant parfum. Je revois encore, comme je m’approche d’elle, se dessiner petit à petit dans le chatoiement du jour, l’orgueilleux et si délicat profil de son merveilleux visage, le contour de ses lèvres, la courbe de sa nuque,…et comme la première fois je sens de nouveau mon cœur s’arrêter… ou bien commençait-il seulement à battre ? Je ne l’ai jamais su, et là encore je ne saurais dire ce qu’il en est.
Mais arrivé au faîte, seuls sont présents les souvenir et la vue sur l’énigmatique et morne Cruma baignée dans son éternel brouillard. Et le silence aussi. Un silence lourd de menaces, omniprésent et terrifiant.

****


Et dans le mutisme de ce paysage de désolation, je sens ma raison vaciller et perdre pied dans les méandre du temps. Je ne sais si ce que je vis à cet instant appartient au passé ou à l’avenir ; si tout ce que j’ai vécu depuis le jour de cette rencontre a vraiment eu lieu un jour. Est-ce que tout ceci s’est vraiment déroulé ? Cela n’appartient-il pas plutôt à quelques secondes d’égarement d’un esprit déjà dérangé ?
Il me semble que si maintenant je redescends à l’auberge de Dion, j’y trouverai encore mon ami Hanak, s’impatientant de me voir arriver pour que nous partions à la chasse ; et sûrement aussi Perigrin et notre nouveau compagnon Haplo en train de cuver la bière qu’ils ont engloutie après leur habituelle chamaillerie de la veille.
A cette pensée, je décide d’aller sur l’instant m’assurer de sa réalité ou non…

Mais je n’arrive plus à bouger. Je suis retenu par des volutes de brume s’enroulant autour de moi telles des serpents fantomatiques au venin plus dangereux que le plus mortel des poisons. Je sens le froid de leur contact envahir mon corps jusqu’au plus profond de mon être. Et luttant en vain pour me dégager de leur emprise, je ne peux m’extirper de ces nébulosités blanches qui m’engloutissent à l’instar de l’écume recouvrant impitoyablement de son linceul le naufragé solitaire.
La brume m’enveloppe totalement de ces vapeurs. Ma vision s’obscurcit et je n’arrive plus à respirer. Etouffant, j’essaye de reprendre mon souffle, cherchant à avaler une quelconque goulée d’air, comme le noyé en sursis entrer deux houles.

Une terreur irraisonnée m’assaille soudainement. Non pas car je n’arrive plus à respirer, mais parce que le souffle que j’entends n’est pas celui haletant qui s’échappe de ma bouche. Celui que je perçois est calme et régulier, et vient s’éteindre sur ma nuque.
La présence que je sens alors derrière moi se fait de plus en plus forte. S’en émanent la haine, la cruauté et la promesse d’une mort infamante. Une aura puissante, semblable à celle d’un démon évadé des enfers.
Alors que je voudrais m’enfuir loin de cette entité maléfique, mon corps doucement, et tel une marionnette dont les fils sont reliés à la main décharnée de la mort, se retourne.
La forme devant moi est sombre et floue comme la silhouette d’un fantôme. Mais je la reconnais et la peur alors me quitte, emportée avec la brume par un vent chaud.

****


Devant moi se tient la femme que j’aime. Celle que j’ai toujours aimée et dont même la mort n’est pas parvenue me la faire oublier. Bien qu’elle semble avoir changé, en cet instant je ne saurais dire en quoi elle diffère de celle que j’ai rencontré et aimé en cet endroit même bien des années auparavant.
Lentement, elle se rapproche et à son sourire je sens de nouveau la chaleur de la vie circuler en moi. Le bleu de ses yeux miroitant plonge au fond de moi et j’y retrouve tout l’amour que j’ai toujours eu pour elle. Je voudrais crier son nom, lui dire que je l’aime et que nous ne nous quitterons plus, mais autan que ma respiration, ma voix reste prisonnière. Pourtant, comme sil j’avais déjà trop parler, elle pose un doigt sur ma bouche et rapproche son visage du mien. La chaleur de son souffle est pour moi une bouffée d’air frais porteuse de vie.
Et sans que je m’en sois rendu compte je me retrouve à la serrer dans mes bras. Et de son baiser au goût de miel s’exhale un sentiment de bonheur absolu que je n’aurai jamais cru pouvoir retrouver un jour : le même qui je me subjugua il y a des années, au cours d’une mission dans la vallée des dragons, où durant un moment plus qu’éphémère cette même femme m’avait révélé son vrai visage en me montrant, libéré de sa bague maudite, son véritable amour.

Et tandis que nous nous embrassons, je ne peux retenir mes larmes de couler. Il me faut un moment pour réaliser que celles-ci ne sont pas de joie mais de souffrance. Une douleur de plus en plus aiguë m’assaille. La femme recule alors. Elle continue de sourire ne semblant pas remarquer mon tourment. Ces yeux noirs et rieurs ont l’air d’attendre quelque chose moi, mais je ne sais pas quoi. Son regard fixe un point sur ma tunique. Regardant à mon tour mon vêtement je constate que celui-ci est rouge du sang s’écoulant de mon ventre ouvert.
Relevant la tête, je la vois éclater de rire, une dague richement décorée dans sa main.
Je veux lui demander pourquoi, mais il est déjà trop tard je ne peux plus parler. Le sol s’est ouvert sous mes pieds et je commence à tomber. Je la vois disparaître dans l’obscurité toujours riant, mais son rire ne me parvient pas.

Les seuls sons que j’entends sont ceux issus de l’endroit vers lequel ma chute m’emporte. Ce sont des hurlements de torture et de désespoir, les lamentions des âmes perdues, les cris de la douleur et de la haine. Et parmi tous les pleurs, il y en a un plus insupportable que les autres, celui issu des tourments de Celena…

****


C’est toujours à ce moment que je me réveille.
Cela fait maintenant plusieurs semaines que ce rêve, ou plutôt devrai-je dire ce cauchemar, vient s’immiscer dans mon sommeil. Je le fais de plus en plus fréquemment et à chaque fois il me semble un peu plus réaliste, et à chaque fois la chute est un peu plus longue et l’origine des pleurs un peu plus proche.


Vous comprendrez donc que je n’arrive que difficilement à me reposer et que j’en viens à essayer de ne plus dormir. Ceci pour expliciter à ceux qui auront pu en être témoin, mes étranges comportements imputables à la fatigue.
J’ai décrit ici mon songe en détail dans le cas où une personne puisse y trouver une quelconque signification, mais surtout le moyen de mettre un terme à ses rêves.
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